Vente de véhicule : Évaluation des conditions d’ordonnance d’expertise

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Vente de véhicule : Évaluation des conditions d’ordonnance d’expertise
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Mme [W] [Y] a acheté un véhicule d’occasion, une Renault Laguna, à la société BNV Auto Bretagne pour 1.800 euros. Après l’achat, elle a rencontré des problèmes de perte de puissance, de démarrage et un voyant allumé concernant le filtre à particules. Elle a demandé l’annulation de la vente par courrier le 30 juin 2023, mais la société n’a pas répondu. Un diagnostic effectué par Car Custom 80 le 16 août 2023 et une expertise amiable réalisée par le cabinet Idéa Grand Ouest le 2 janvier 2024 ont confirmé les dysfonctionnements. Malgré une ultime mise en demeure envoyée le 22 février 2024, le différend n’a pas été résolu. En conséquence, Mme [Y] a assigné la société BNV Auto Bretagne en référé le 19 juin 2024, demandant une expertise judiciaire. Lors de l’audience du 18 juillet 2024, la société BNV Auto Bretagne ne s’est pas présentée. Le tribunal a ordonné une mesure d’expertise, désignant un expert pour examiner le véhicule et établir un rapport sur son état et les réparations nécessaires. Mme [Y] a été condamnée aux dépens, et la décision est exécutoire à titre provisoire.

REPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

26 septembre 2024
Tribunal judiciaire d’Angers
RG n°
24/00398
LE 26 SEPTEMBRE 2024

TRIBUNAL JUDICIAIRE D’ ANGERS
-=-=-=-=-=-=-=-

N° RG 24/398 – N° Portalis DBY2-W-B7I-HSP6
N° de minute : 24/377

O R D O N N A N C E
———-

Le VINGT SIX SEPTEMBRE DEUX MIL VINGT QUATRE, Nous, Benoît GIRAUD, Président du Tribunal Judiciaire d’ ANGERS, assisté de Valérie PELLEREAU, Greffière présente lors des débats et de Aurore TIPHAIGNE Greffière lors de la mise à disposition, avons rendu la décision dont la teneur suit :

DEMANDERESSE :

Madame [W] [Y]
née le 28 juillet 1987 à [Localité 5]
[Adresse 2]
[Adresse 2]
représentée par Maître Christelle GODEAU, de la SELAFA CHAINTRIER AVOCATS, Avocate au barreau d’ANGERS

DÉFENDERESSE :

S.A.S.U. BNV AUTO BRETAGNE, immatriculée au RCS de RENNES sous le N° 852 969 963, prise en la personne de son représentant légal domicilié en cette qualité audit siège
[Adresse 1]
[Adresse 1]
Non comparante, ni représentée,

*************

Vu l’exploit introductif du présent Référé en date du 19 Juin 2024; les débats ayant eu lieu à l’audience du 18 Juillet 2024 pour l’ordonnance être rendue ce jour, ce dont les parties comparantes ont été avisées ;

C.EXE : Maître Christelle GODEAU

C.C :
1 Copie défaillant (1) par LS
1 Copie Serv. Expertises
1 Copie régie
Copie Dossier
le

EXPOSE DU LITIGE

Suivant certificat de cession et facture en date du 1er avril 2023, Mme [W] [Y] a acquis de la société BNV Auto Bretagne un véhicule d’occasion appartenant à M. [J] [C], de marque Renault, modèle Laguna, immatriculé [Immatriculation 4], numéro de série [Immatriculation 6], pour un prix de 1.800 euros.

Peu de temps après la cession, Mme [Y] a constaté une perte de puissance du véhicule, un claquement rendant impossible le démarrage ainsi que l’allumage du voyant relatif au filtre à particules.

Par courrier en date du 30 juin 2023, Mme [Y] a alors sollicité l’annulation de la vente et a mis en demeure la société BNV Auto Bretagne d’avoir à rembourser le prix d’achat du véhicule.

Cette mise en demeure n’a pas été suivie d’effet.

Mme [Y] a ensuite fait appel à la société Car Custom 80 pour l’établissement d’un diagnostic du véhicule, le 16 août 2023, puis au cabinet Idéa Grand Ouest pour l’organisation d’une expertise amiable, lequel a rendu un rapport le 02 janvier 2024 confirmant les désordres sur le véhicule.

Sur la base des conclusions des rapports amiables, le conseil de Mme [Y] a, par courrier recommandé avec accusé de réception en date du 22 février 2024, adressé à la société BNV Auto Bretagne une ultime mise en demeure visant à obtenir l’annulation de la vente et la réparation des préjudices subis par Mme [Y], en vain.

Les parties ne sont pas parvenues à résoudre amiablement le différend.

*

C’est dans ce contexte que, par acte de commissaire de justice en date du 19 juin 2024, Mme [Y] a fait assigner en référé la société BNV Auto Bretagne, devant le président du tribunal judiciaire d’Angers, aux fins de voir ordonner une mesure d’expertise judiciaire du véhicule sur le fondement de l’article 145 du code de procédure civile et de dire que les dépens de l’instance suivront le sort de l’éventuelle instance au fond.

*

A l’audience du 18 juillet 2024, Mme [Y] a réitéré ses demandes introductives d’instance, tandis que la société BNV Auto Bretagne, partie défenderesse régulièrement assignée, n’a pas comparu ni constitué avocat.

L’affaire a été mise en délibéré au 29 septembre 2024.

Conformément à l’article 446-1 du code de procédure civile, pour plus ample informé de l’exposé et des prétentions des parties, il est renvoyé à l’assignation introductive d’instance et aux écritures déposées et développées oralement à l’audience.

MOTIFS DE LA DECISION

Aux termes de l’article 472 du code de procédure civile, lorsque le défendeur ne comparaît pas, le juge ne fait droit à la demande que dans la mesure où il l’estime régulière, recevable et bien fondée, notamment au regard des dispositions d’ordre public régissant la matière.

I.Sur la demande d’expertise

Aux termes de l’article 145 du code de procédure civile, s’il existe un motif légitime de conserver ou d’établir avant tout procès, la preuve des faits dont pourrait dépendre la solution d’un litige, les mesures d’instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en référé.

Ce texte suppose l’existence d’un motif légitime, c’est-à-dire un fait crédible et plausible qui présente un lien utile avec un litige potentiel futur dont la solution peut dépendre de la mesure d’instruction sollicitée. L’application de cet article n’implique aucun préjugé sur la responsabilité des parties appelées à la procédure, ni sur les chances de succès du procès susceptible d’être ultérieurement engagé.

*

En l’espèce, il résulte des pièces produites, notamment du rapport d’expertise amiable établi par le cabinet Idéa Grand Ouest le 2 janvier 2024, que des dysfonctionnements affectant le véhicule de Mme [Y] ont été objectivés par l’expert et dont la preuve, les causes et les conséquences pourraient être utiles à la solution d’un litige.

Par ailleurs, aucune instance n’est en cours pour le même litige.

La société BNV Auto Bretagne n’a pas comparu et n’a produit aucun élément à l’appui de sa défense.

De ce fait, Mme [Y] justifie d’un motif légitime au sens de l’article 145 du code de procédure civile à conserver ou établir la preuve de ses allégations.

En conséquence, pour toutes ces considérations, il sera fait droit à la demande d’expertise sollicitée dans les conditions détaillées dans le dispositif.

Le coût de l’expertise sera avancé par Mme [Y], celle-ci étant demanderesse à cette mesure d’instruction ordonnée dans son intérêt.

II.Sur les dépens

Au vu de l’article 491 du code de procédure civile, le juge des référés doit statuer sur les dépens dès lors qu’il est dessaisi par la décision qu’il rend. Il ne peut ni les réserver, ni dire qu’ils suivront le sort d’une instance au fond qui demeure éventuelle à ce stade.

Par conséquent, Mme [Y] assumera les dépens d’une procédure initiée dans son intérêt et avant toute procédure au fond.

PAR CES MOTIFS

Nous, Benoît Giraud, président du tribunal judiciaire d’Angers, statuant en référé, publiquement, par ordonnance réputée contradictoire et en premier ressort :

Vu les dispositions de l’article 145 du code de procédure civile ;

Ordonnons une mesure d’expertise au contradictoire de Mme [W] [Y] et de la société BNV Auto Bretagne ;

Commettons pour y procéder, M. [R] [O] – [Adresse 3], expert inscrit sur la liste de la Cour d’Appel d’Angers, avec mission de :

– convoquer et entendre les parties assistées le cas échéant, de leurs conseils, et recueillir leurs observations à l’occasion des opérations ou lors de la tenue des réunions d’expertise,

– se faire remettre toutes pièces utiles à l’accomplissement de sa mission, ainsi que tout rapport technique ou rapport d’expertise déjà effectué à la demande de l’une ou l’autre des parties,

– retracer l’historique du véhicule depuis sa première mise en circulation,

– se rendre sur les lieux : [Adresse 2],

– examiner le véhicule automobile de marque Renault, modèle Laguna, immatriculé [Immatriculation 4], numéro de série [Immatriculation 6],

– décrire son état actuel et décrire les dysfonctionnements, anomalies ou vices présentés par ce véhicule,

– déterminer le kilométrage réel du véhicule litigieux,

– rechercher la cause de ces anomalies, (défaillance matériel, défaut de mise en œuvre, d’entretien, etc.) et préciser leur date d’apparition,

– préciser les conditions d’utilisation et d’entretien du véhicule depuis son acquisition,

– pour le cas où une action en recherche de garantie de vices cachés du vendeur serait ultérieurement introduite, fournir les éléments permettant d’apprécier si les vices allégués étaient apparents au jour de la vente pour un acheteur normalement avisé et s’ils sont de nature à rendre le véhicule impropre à l’usage auquel il était destiné ou de nature à compromettre cet usage, de telle sorte que l’acquéreur n’aurait pas acquis le véhicule ou aurait donné un moindre prix s’ils les avaient connus,

– déterminer les réparations utiles pour faire disparaître les dysfonctionnements antérieurs à la vente, et dire s’ils seraient suffisants pour remettre le véhicule en état de marche, conformément à sa destination normale,

– chiffrer le coût des réparations ainsi que la durée d’immobilisation nécessaire,

– fournir tous éléments techniques et de fait, de nature à permettre à la juridiction éventuellement saisie de statuer sur le litige opposant les parties,

– évaluer le préjudice subi par Mme [W] [Y] du fait des dysfonctionnements constatés,

– autoriser éventuellement Mme [W] [Y] à faire procéder à ses frais avancés aux travaux de remise en état préconisés par l’expert ;

Rappelons que l’expert peut s’adjoindre d’initiative, si besoin est, un technicien dans une autre spécialité que la sienne, dont le rapport sera joint au rapport (articles 278 et 282 du code de procédure civile) et/ou se faire assister par une personne de son choix intervenant sous son contrôle et sa responsabilité (article 278-1) ;

Rappelons que :

1) le coût final des opérations d’expertise ne sera déterminé qu’à l’issue de la procédure, même si la présente décision s’est efforcée de fixer le montant de la provision à une valeur aussi proche que possible du coût prévisible de l’expertise,

2) la partie qui est invitée par cette décision à faire l’avance des honoraires de l’expert n’est pas nécessairement celle qui en supportera la charge finale, à l’issue du procès,

et que le fait que l’une des parties bénéficie de l’aide juridictionnelle partielle ou totale n’implique pas nécessairement que cette partie soit dispensée, à l’issue du litige, de la charge totale ou partielle du coût de la mesure d’instruction ;

Accordons à l’expert pour le dépôt de son rapport au service du contrôle des expertises un délai de HUIT MOIS à compter de la réception de l’avis de consignation envoyé par le Greffe;

Disons que l’expert devra solliciter du magistrat chargé du contrôle de l’expertise une prorogation de ce délai si celui-ci s’avère insuffisant ;

Fixons à 2.000€ (deux mille euros) le montant de la provision à valoir sur la rémunération de l’expert que Mme [W] [Y] devra consigner auprès du régisseur du tribunal judiciaire d’Angers dans le délai de deux mois à compter de la date de la notification de la présente ordonnance, par virement ou par chèque établis à l’ordre de la régie des avances et recettes du tribunal judiciaire d’Angers en indiquant le n° RG et le nom de parties ;

Disons qu’à défaut de consignation dans ce délai et selon les modalités imparties, la désignation de l’expert sera caduque ;

Disons que l’expert provoquera la première réunion sur place dans un délai maximum de cinq semaines à partir de sa saisine, constituée par l’avis donné à l’expert du versement de la consignation, et que les parties lui communiqueront préalablement toutes les pièces dont elles entendent faire état ;

Disons que les parties communiqueront ensuite sans retard les pièces demandées par l’expert et que, en cas de défaillance, le juge du suivi de l’expertise pourra être saisi aux fins de fixation d’une astreinte ;

Disons que les pièces seront accompagnées d’un bordereau avec la justification de la communication à toutes les parties en cause ;

Disons que lors de la première réunion et en tout cas dès que possible, l’expert exposera sa méthodologie et fixera le calendrier de ses opérations, avec la date de diffusion du projet de rapport, le délai imparti aux parties pour lui faire parvenir leurs dires et la date du dépôt du rapport définitif ;

Disons que dans le même délai, il donnera un avis sur le coût prévisionnel de l’expertise ;

Disons que les parties procéderont aux mises en cause nécessaires dans les deux mois de la saisine de l’expert, ou, si la nécessité s’en révèle ultérieurement, dès que l’expert donnera son accord ;

Disons que l’expert déposera au service des expertises du tribunal son rapport dans un délai maximum de HUIT MOIS suivant sa saisine, sauf prorogation accordée préalablement à l’expiration de ce délai, en un seul original, après en avoir envoyé un exemplaire à chaque partie;

Disons que l’expert joindra à cet envoi la copie de sa demande de rémunération et que les parties disposeront d’un délai de quinze jours pour formuler des observations sur cette demande ;

Disons que faute pour une partie d’avoir communiqué à l’expert les pièces demandées ou fait parvenir son dire dans les délais impartis, elle sera réputée y avoir renoncé sauf si elle a justifié préalablement à l’expiration du délai d’un motif résultant d’une cause extérieure ;

Disons qu’à la fin de ses opérations, l’expert organisera une réunion de clôture ou adressera aux parties une note de synthèse pour les informer du résultat de ses investigations. Les parties disposeront alors d’un délai de trois semaines pour faire parvenir leurs observations récapitulatives. Le tout devant être consigné dans son rapport d’expertise ;

Disons qu’en cas d’empêchement ou refus, l’expert commis pourra être remplacé par ordonnance à la demande de la partie la plus diligente ;

Désignons, pour contrôler les opérations d’expertise, le juge chargé des expertises de ce Tribunal;

Condamnons Mme [W] [Y] aux dépens ;

Rappelons que la présente décision est, de plein droit, exécutoire à titre provisoire.

Ainsi fait et prononcé à la date ci-dessus par mise à disposition au greffe, la présente ordonnance a été signée par Benoît Giraud, président, juge des référés, et par Aurore Tiphaigne, greffière,

Aurore Tiphaigne, Benoît Giraud,


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