Publicité des préparations pour nourrissons : un durcissement à prévoir

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Publicité des préparations pour nourrissons : un durcissement à prévoir

Deux études publiées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2019 mettent en garde contre la teneur en sucre inappropriée des aliments pour bébés dans la zone Europe de l’OMS. Les enquêtes réalisées par l’OMS sur 7 955 boissons ou produits alimentaires commercialisés pour les nourrissons et les jeunes enfants dans 516 commerces de 4 villes de la région européenne de l’OMS (Vienne, Sofia, Budapest, et Haïfa) entre novembre 2017 et janvier 2018, révèlent que la moitié ou plus des produits étudiés fournissent plus de 30 % de calories provenant de sucres totaux. Environ un tiers d’entre eux contiennent du sucre, des jus de fruits concentrés ou d’autres édulcorants. Le taux très élevé de sucres libres des purées disponibles dans le commerce serait également préoccupant. S’ajoute à ce constat la commercialisation d’une proportion importante des produits (de 28 % à 60 %) comme convenant aux nourrissons de moins de 6 mois, alors que l’OMS déconseille la consommation de produits industriels par les nourrissons de cet âge.

Saisie de cette question, le Gouvernement a rappelé que les nourrissons présentent des spécificités physiologiques qui justifient une alimentation adaptée. La teneur en sucres dans les aliments pour bébé est encadrée par le règlement UE n ° 609/2013 du 12 juin 2013 et la directive européenne n° 2006/125 du 5 décembre 2006 concernant les préparations à base de céréales et les aliments pour bébés destinés aux nourrissons et aux enfants en bas âge.

Des discussions sont actuellement en cours à la Commission européenne pour revoir les textes applicables aux aliments de diversification. La question de la teneur en sucres de ces aliments sera prise en compte. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié en 2019 des avis d’expertise sur la nutrition des populations spécifiques notamment les enfants de 0 à 3 ans et de 4 à 17 ans et propose des repères alimentaires adaptés à leurs spécificités. Ces repères constituent les bases scientifiques qui permettront la mise en place de mesures de santé publique afin de garantir une nutrition de qualité pour prévenir certaines maladies chroniques. Concernant les enfants de 0 à 3 ans, d’après une étude récente de la Commission européenne sur les aliments pour bébés disponibles sur le marché européen, quelques catégories d’aliments, notamment les biscuits et biscottes, peuvent contribuer à apporter des quantités excessives de sucres totaux aux enfants.

L’Anses qui souligne l’importance d’établir des critères de teneur en sucres pour que ces produits soient adaptés à la consommation des jeunes enfants, recommande une absence d’introduction précoce d’aliments riches en sucres, de type confiseries, boissons sucrées ou gâteaux et la limitation de leur consommation afin de favoriser des habitudes alimentaires saines à l’âge adulte.

L’Anses indique également qu’il est préférable de commencer la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. Chez les enfants à partir de 4 ans, l’Anses alerte sur les apports excessifs en sucres en particulier chez les plus petits : c’est le cas pour 75 % des 4-7 ans. Elle met l’accent sur deux leviers prioritaires : les boissons sucrées et les pâtisseries-biscuits-gâteaux, fréquemment proposés au moment du goûter. Elle attire l’attention sur la nécessité de réduire les sucres ajoutés présents dans de nombreux produits transformés et souligne l’intérêt des préparations faites maison qui permettent de mieux prendre conscience des apports en sucres et de les contrôler. Ces avis scientifiques de l’Anses ainsi que l’avis du Haut conseil de la santé publique (HCSP) serviront à l’élaboration et la diffusion par Santé publique France en 2021 des repères de consommation alimentaire actualisés du programme national nutrition santé (PNNS) pour les jeunes enfants et permettront de redéployer les stratégies de communication et d’information sur ce sujet. Le PNNS vise particulièrement à la mise en œuvre de mesures de prévention concernant les enfants, de la période prénatale à l’adolescence, qui constituent une cible prioritaire car les comportements acquis dans l’enfance persistent le plus souvent à l’âge adulte. Pour cela, il vise notamment à accompagner chacun pour faciliter les choix alimentaires, à inciter les acteurs économiques qui élaborent les aliments et les commercialisent à améliorer leurs recettes, à mettre à disposition de tous une information claire, facilement interprétable et transparente et à protéger les enfants et les adolescents d’une exposition à la publicité pour des aliments et boissons non recommandés. Le PNNS 4 prévoit également l’évaluation de l’application du Code International de commercialisation des substituts du lait maternel.


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