Sommaire Contexte de la procédureLe 10 décembre 2024, Louise MIEL, Vice-Présidente chargée du contrôle des mesures privatives et restrictives de liberté, a statué sur une demande de maintien de mesure de contention formulée par le directeur du Centre Hospitalier. La procédure s’est déroulée sans audience, selon un processus écrit, en l’absence des parties concernées. Demande de maintien de la mesure de contentionLa requête a été présentée le 9 décembre 2024, visant à obtenir le maintien de la mesure de contention appliquée à Madame [F] [E], qui était en soins psychiatriques. Les articles du Code de la Santé Publique relatifs à l’isolement et à la contention ont été invoqués pour justifier cette demande. Conditions de la mesure de contentionSelon l’article L.3222-5-1, l’isolement et la contention ne peuvent être appliqués qu’en dernier recours, pour des patients hospitalisés sans consentement, afin de prévenir un dommage imminent. La mesure de contention est limitée à six heures, renouvelable dans certaines conditions, et doit faire l’objet d’une surveillance stricte. Historique des mesures de contentionMadame [F] [E] a subi plusieurs mesures de contention successives depuis le 3 décembre 2024. Les évaluations médicales ont révélé cinq périodes de contention, cumulant un total de 53 heures et 22 minutes au moment de la saisine du juge, qui a eu lieu après la période réglementaire de 48 heures. Irregularité de la saisine du jugeLa saisine du juge a été jugée tardive, car elle n’a pas été effectuée dans le délai requis par la loi. Cette irrégularité a eu pour conséquence de priver Madame [F] [E] de la possibilité d’un examen judiciaire de la mesure de contention dans le temps imparti. Décision du jugeEn raison de la saisine tardive, le juge a ordonné la mainlevée de la mesure de contention. La décision a été prise sans audience, et les parties ont été informées de leur droit de contester cette décision par voie d’appel dans un délai de 24 heures. |
Questions / Réponses juridiques :
Quelles sont les conditions légales pour la mise en œuvre de la mesure de contention selon le Code de la Santé Publique ?La mesure de contention, selon l’article L.3222-5-1 du Code de la Santé Publique, est une pratique de dernier recours qui ne peut être appliquée qu’aux patients en hospitalisation complète sans consentement. Elle doit être justifiée par la nécessité de prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui. Cette décision doit être motivée par un psychiatre et doit être adaptée, nécessaire et proportionnée au risque après une évaluation du patient. La mise en œuvre de cette mesure doit faire l’objet d’une surveillance stricte, tant somatique que psychiatrique, confiée à des professionnels de santé désignés à cet effet. Il est également stipulé que la mesure de contention est limitée à une durée maximale de six heures, renouvelable dans certaines conditions, et doit faire l’objet d’évaluations régulières. Quelles sont les conséquences d’une saisine tardive du juge des libertés et de la détention ?L’article R.3211-39, II, du Code de la Santé Publique précise que la mesure de contention doit être levée si le directeur de l’établissement n’a pas saisi le juge avant l’expiration des durées prévues. Dans le cas présent, la saisine du juge a eu lieu après une durée cumulée de contention de 53h22, alors que la loi impose une saisine avant la 48ème heure. Cette irrégularité constitue une violation des droits de la patiente, car elle a été privée de la possibilité d’un examen judiciaire dans le délai requis. Ainsi, la décision de maintenir la mesure de contention devient caduque, entraînant la nécessité d’ordonner sa mainlevée. Quels sont les droits de la patiente en matière de contestation de la mesure de contention ?Selon les articles R.3211-42 et suivants du Code de la Santé Publique, la décision de maintien ou de levée de la mesure de contention est susceptible d’être contestée par la voie de l’appel. La patiente, ou son représentant légal, peut interjeter appel dans un délai de 24 heures à compter de la notification de la décision. L’appel doit être motivé et transmis par tout moyen au greffe de la Cour d’Appel compétente. Cette procédure garantit le droit à un recours effectif contre les mesures privatives de liberté, conformément aux principes de protection des droits des patients en soins psychiatriques. Quelles sont les obligations du directeur de l’établissement en cas de renouvellement de la mesure de contention ?L’article L.3222-5-1, II, impose au directeur de l’établissement d’informer sans délai le juge des libertés et de la détention en cas de renouvellement des mesures de contention. Il doit également saisir le juge avant l’expiration de la soixante-douzième heure d’isolement ou de la quarante-huitième heure de contention, si le renouvellement est nécessaire. Le directeur doit également informer un membre de la famille du patient, en respectant la volonté du patient et le secret médical. Ces obligations visent à assurer un contrôle judiciaire sur les mesures privatives de liberté et à protéger les droits des patients. Comment le tribunal judiciaire peut-il intervenir dans le cadre des mesures de contention ?Le tribunal judiciaire, par l’intermédiaire du juge des libertés et de la détention, a le pouvoir de se saisir d’office pour mettre fin à une mesure de contention. Il statue dans un délai de vingt-quatre heures à compter de la saisine, et peut ordonner la mainlevée si les conditions légales ne sont plus réunies. Si la mesure est maintenue, le juge peut autoriser le renouvellement dans les conditions prévues par la loi, garantissant ainsi un contrôle judiciaire sur les mesures restrictives de liberté. Cette intervention judiciaire est essentielle pour protéger les droits des patients et garantir que les mesures de contention ne soient pas appliquées de manière abusive. |
REPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
JUDICIAIRE DE RENNES
service des hospitalisations
sous contrainte
À
N° RG 24/08826 – N° Portalis DBYC-W-B7I-LKFP
Minute n° 24/00984
CONTENTION
Article L.3222-5-1 et suivants , R.3211-42 et suivants
du Code de la Santé Publique
ORDONNANCE STATUANT SUR UNE DEMANDE DE MAINTIEN
DE LA MESURE DE CONTENTION
Le 10 décembre 2024 à H ;
Devant Nous, Louise MIEL, Vice-Présidente chargée du contrôle des mesures privatives et restrictives de liberté prévues par le code de la santé publique au Tribunal judiciaire de RENNES,
Statuant sans audience, selon une procédure écrite,
DEMANDEUR :
M. LE DIRECTEUR DU CENTRE HOSPITALIER [3]
Non comparant, ni représenté
DÉFENDEUR :
Madame [F] [E]
[Adresse 2]
[Localité 1]
et actuellement en soins psychiatriques au Centre Hospitalier de [Localité 4]
Non auditionnée, ni représentée
En l’absence du Ministère public,
Vu la requête présentée par M. LE DIRECTEUR DU CENTRE HOSPITALIER [3], en date du 09 décembre 2024, aux fins de voir statuer sur le maintien de la mesure de contention ;
Vu les articles L. 3222-5-1, L.3211-12 à L.3211-12-2 et articles R. 3211-31 à R. 3211-45 du code de santé publique ;
Selon l’article L3222-5-1 du Code de la Santé Publique :
I.-L’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours et ne peuvent concerner que des patients en hospitalisation complète sans consentement. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision motivée d’un psychiatre et uniquement de manière adaptée, nécessaire et proportionnée au risque après évaluation du patient. Leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte, somatique et psychiatrique, confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin et tracée dans le dossier médical.
La mesure d’isolement est prise pour une durée maximale de douze heures. Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée, dans les conditions et selon les modalités prévues au premier alinéa du présent I, dans la limite d’une durée totale de quarante-huit heures, et fait l’objet de deux évaluations par vingt-quatre heures.
La mesure de contention est prise dans le cadre d’une mesure d’isolement pour une durée maximale de six heures. Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée, dans les conditions et selon les modalités prévues au même premier alinéa, dans la limite d’une durée totale de vingt-quatre heures, et fait l’objet de deux évaluations par douze heures.
II. – A titre exceptionnel, le médecin peut renouveler, au-delà des durées totales prévues au I, les mesures d’isolement et de contention, dans le respect des conditions prévues au même I. Le directeur de l’établissement informe sans délai le tribunal judiciaire du renouvellement de ces mesures. Le magistrat du siège du tribunal judiciaire peut se saisir d’office pour y mettre fin. Le médecin informe du renouvellement de ces mesures au moins un membre de la famille du patient, en priorité son conjoint, le partenaire lié à lui par un pacte civil de solidarité ou son concubin, ou une personne susceptible d’agir dans son intérêt dès lors qu’une telle personne est identifiée, dans le respect de la volonté du patient et du secret médical.
Le directeur de l’établissement saisit le juge avant l’expiration de la soixante-douzième heure d’isolement ou de la quarante-huitième heure de contention, si l’état de santé du patient rend nécessaire le renouvellement de la mesure au-delà de ces durées.
Le juge statue dans un délai de vingt-quatre heures à compter du terme des durées prévues au deuxième alinéa du présent II.
Si les conditions prévues au I ne sont plus réunies, il ordonne la mainlevée de la mesure. Dans ce cas, aucune nouvelle mesure ne peut être prise avant l’expiration d’un délai de quarante-huit heures à compter de la mainlevée de la mesure, sauf survenance d’éléments nouveaux dans la situation du patient qui rendent impossibles d’autres modalités de prise en charge permettant d’assurer sa sécurité ou celle d’autrui. Le directeur de l’établissement informe sans délai le juge, qui peut se saisir d’office pour mettre fin à la nouvelle mesure.
Si les conditions prévues au même I sont toujours réunies, le juge des libertés et de la détention autorise le maintien de la mesure d’isolement ou de contention. Dans ce cas, le médecin peut la renouveler dans les conditions prévues audit I et aux deux premiers alinéas du présent II. Toutefois, si le renouvellement d’une mesure d’isolement est encore nécessaire après deux décisions de maintien prises par le juge des libertés et de la détention, celui-ci est saisi au moins vingt-quatre heures avant l’expiration d’un délai de sept jours à compter de sa précédente décision et le médecin informe du renouvellement de ces mesures au moins un membre de la famille du patient, en priorité son conjoint, le partenaire lié à lui par un pacte civil de solidarité ou son concubin, ou une personne susceptible d’agir dans son intérêt dès lors qu’une telle personne est identifiée, dans le respect de la volonté du patient et du secret médical. Le juge des libertés et de la détention statue avant l’expiration de ce délai de sept jours. Le cas échéant, il est à nouveau saisi au moins vingt-quatre heures avant l’expiration de chaque nouveau délai de sept jours et statue dans les mêmes conditions. Le médecin réitère l’information susmentionnée lors de chaque saisine du juge des libertés et de la détention.
Pour l’application des deux premiers alinéas du présent II, lorsqu’une mesure d’isolement ou de contention est prise moins de quarante-huit heures après qu’une précédente mesure d’isolement ou de contention a pris fin, sa durée s’ajoute à celle des mesures d’isolement ou de contention qui la précèdent.
Les mêmes deux premiers alinéas s’appliquent lorsque le médecin prend plusieurs mesures dont la durée cumulée sur une période de quinze jours atteint les durées prévues auxdits deux premiers alinéas.
Les mesures d’isolement et de contention peuvent également faire l’objet d’un contrôle par le magistrat du siège du tribunal judiciaire en application du IV de l’article L. 3211-12-1.
Un décret en Conseil d’Etat précise les conditions d’application du présent II.
III.-Un registre est tenu dans chaque établissement de santé autorisé en psychiatrie et désigné par le directeur général de l’agence régionale de santé pour assurer des soins psychiatriques sans consentement en application du I de l’article L. 3222-1. Pour chaque mesure d’isolement ou de contention, ce registre mentionne le nom du psychiatre ayant décidé cette mesure, un identifiant du patient concerné ainsi que son âge, son mode d’hospitalisation, la date et l’heure de début de la mesure, sa durée et le nom des professionnels de santé l’ayant surveillée. Le registre, établi sous forme numérique, doit être présenté, sur leur demande, à la commission départementale des soins psychiatriques, au Contrôleur général des lieux de privation de liberté ou à ses délégués et aux parlementaires.
L’établissement établit annuellement un rapport rendant compte des pratiques d’admission en chambre d’isolement et de contention, la politique définie pour limiter le recours à ces pratiques et l’évaluation de sa mise en œuvre. Ce rapport est transmis pour avis à la commission des usagers prévue à l’article L. 1112-3 et au conseil de surveillance prévu à l’article L. 6143-1.
– Sur le moyen relevé d’office relatif à la saisine tardive du juge
Aux termes de l’article L.3222-5-1, I, du code de la santé publique :
« La mesure de contention est prise dans le cadre d’une mesure d’isolement pour une durée maximale de six heures. Si l’état de santé du patient le nécessite, elle peut être renouvelée, dans les conditions et selon les modalités prévues au même premier alinéa, dans la limite d’une durée totale de vingt-quatre heures, et fait l’objet de deux évaluations par douze heures ».
Ce même article énonce :
« II. – A titre exceptionnel, le médecin peut renouveler, au-delà des durées totales prévues au I, les mesures d’isolement et de contention, dans le respect des conditions prévues au même I. Le directeur de l’établissement informe sans délai le juge des libertés et de la détention du renouvellement de ces mesures. Le juge des libertés et de la détention peut se saisir d’office pour y mettre fin. Le médecin informe du renouvellement de ces mesures au moins un membre de la famille du patient, en priorité son conjoint, le partenaire lié à lui par un pacte civil de solidarité ou son concubin, ou une personne susceptible d’agir dans son intérêt dès lors qu’une telle personne est identifiée, dans le respect de la volonté du patient et du secret médical.
Le directeur de l’établissement saisit le juge des libertés et de la détention avant l’expiration de la soixante-douzième heure d’isolement ou de la quarante-huitième heure de contention, si l’état de santé du patient rend nécessaire le renouvellement de la mesure au-delà de ces durées.
(…)
Les mêmes deux premiers alinéas s’appliquent lorsque le médecin prend plusieurs mesures dont la durée cumulée sur une période de quinze jours atteint les durées prévues auxdits deux premiers alinéas ».
En outre, l’article R.3211-39, II, du même code précise que :
« II.- Dans tous les cas, la mesure est levée :
1° Si le directeur de l’établissement n’a pas saisi le juge avant l’expiration des durées prévues aux troisième et cinquième alinéas du II de l’article L. 3222-5-1 ».
En l’espèce, [F] [E] a fait l’objet de mesures successives de contention à compter du 03 décembre 2024 à 00h08. Les mainlevées intervenues ont été prises sur décisions médicales et non en vertu d’une décision judiciaire, de sorte que le contrôle du juge porte sur ces différentes mesures successives en ce qu’elles se sont succédées conformément aux dispositions qui précèdent et doivent être regardées comme formant un même ensemble.
En l’occurrence, l’historique des évaluations médicales permet de recenser cinq périodes de contention successives entre la prescription initiale et la saisine du juge aux fins de maintien de la mesure de contention intervenue le 09 décembre 2024 à 22h34.
Au moment de cette saisine, la durée cumulée de l’ensemble de ces mesures avait atteint 53h22 de contention effective, tandis que les dispositions précitées imposent une saisine par le directeur de l’établissement avant l’expiration de la 48ème heure de contention.
Ainsi, la saisine du juge est intervenue tardivement et cette irrégularité fait nécessairement grief à l’intéressée puisqu’elle a été privée de la possibilité de voir examiner par le juge judiciaire dans le délai requis la mesure restrictive de liberté dont elle fait l’objet.
Dès lors, il y a lieu d’ordonner la mainlevée de la mesure de contention.
Statuant sans audience selon une procédure écrite par décision contradictoire mise à disposition au greffe et en premier ressort :
Ordonnons la mainlevée de la mesure de contention de Mme [F] [E].
Notifions qu’en application des dispositions des articles R.3211-42 et suivants du code de la Santé publique, la présente décision est susceptible d’être contestée par la voie de l’appel, interjeté dans un délai de 24 HEURES à compter de sa notification, devant le Premier Président de la Cour d’Appel de RENNES, par une déclaration motivée transmise par tout moyen au greffe de la Cour d’Appel (courriel : [Courriel 5]).
LE JUGE
Copie transmise par voie électronique au Directeur de l’établissement
Le 10 décembre 2024
Le greffier,
Copie transmise par voie électronique à Mme [F] [E], par l’intermédiaire du directeur de l’établissement
Le 10 décembre 2024
Le greffier,
Copie transmise par voie électronique à M. Le Procureur de la République par voie électronique
Le 10 décembre 2024
Le greffier,