Le générique de film est bien plus qu’une simple séquence de texte ; c’est un élément clé qui plonge le spectateur dans l’ambiance du film tout en fournissant des informations déterminantes (et obligatoires au titre de la Convention collective nationale de la production cinématographique du 19 janvier 2012).
Un bon générique de film est capable de capturer l’attention dès les premières secondes, tout en donnant des aperçus sur l’équipe créative, le casting et les partenaires financiers.
Ce travail, qui mêle créativité et rigueur, est essentiel à l’identité d’un film. Découvrez les secrets de la création d’un générique de film, un processus souvent sous-estimé mais indispensable.
Sommaire
Le contrat de commande de générique
Téléchargez ci-dessous le Contrat de commande et de cession de générique :
Le Contrat de commande de générique est celui par lequel le Producteur confie à un Réalisateur la conception d’un Générique audiovisuel original et unique. Ce contrat a pour objet de fixer les conditions dans lesquelles le Réalisateur apporte sa collaboration technique et artistique et cède ses droits patrimoniaux (sur le Générique) au Producteur.
Le Générique se compose de deux parties :
1. Le Générique de début : Il est présenté en ouverture du film ou de la série. Le Générique de début comprend les crédits principaux et introduit les premiers éléments visuels et musicaux qui servent à plonger le spectateur dans l’ambiance de l’œuvre. Cela inclut, mais sans s’y limiter :
– Le titre de l’œuvre
– Le nom du réalisateur
– Les acteurs principaux
– Les principaux contributeurs créatifs (producteurs, scénaristes, compositeur, etc.)
– Le logo de la société de production, si applicable
– Des éléments visuels qui introduisent l’univers du film ou de la série.
2. Le Générique de fin : Il suit généralement la conclusion de l’œuvre, et présente les crédits restants, souvent dans un format déroulant ou statique. Ce Générique comprend généralement :
– Les noms des autres acteurs, membres de l’équipe technique et artistique, ainsi que tous les contributeurs au projet (chef opérateur, monteurs, ingénieurs du son, etc.)
– Les informations légales (copyright, mentions légales, copyrights de musique, etc.)
– Les remerciements et crédits supplémentaires, le cas échéant.
Le Générique a pour objectifs principaux de :
1. Informer : Le Générique doit fournir des informations complètes et précises sur toutes les personnes et entités ayant participé à la production de l’œuvre, conformément aux obligations légales et contractuelles.
2. Mettre en valeur l’œuvre : Le Générique doit respecter l’esthétique de l’œuvre et son ton, en s’intégrant harmonieusement avec le contenu visuel et sonore. Il doit également être conçu pour attirer l’attention du spectateur tout en respectant les priorités de présentation.
3. Présenter l’œuvre de manière artistique : Le Générique, qu’il soit de début ou de fin, est une séquence créative et artistique qui sert de prolongement de l’expérience audiovisuelle / cinématographique. Il est un élément narratif en soi, souvent conçu pour véhiculer des émotions et renforcer l’impact du film ou de la série.
Contenu du Générique
Le Générique doit inclure, conformément aux normes de l’industrie et aux exigences légales, les éléments suivants :
1. Les crédits des créateurs principaux : Cela inclut les noms des producteurs, réalisateurs, scénaristes, compositeurs, chef opérateur, et d’autres figures majeures dans la création de l’œuvre.
2. Les acteurs : Les noms des acteurs principaux, ainsi que des acteurs secondaires ou de soutien, doivent être intégrés de manière appropriée, en respectant l’importance de leur rôle dans l’œuvre.
3. Les partenaires financiers et distributeurs : Le Générique doit inclure les noms des partenaires financiers, des sociétés de production, de distribution, ainsi que des co-producteurs, le cas échéant.
4. Les mentions légales : Incluant les droits d’auteur, les crédits musicaux, et toute autre information légale associée à l’œuvre.
5. Les crédits supplémentaires : En fonction des spécifications contractuelles ou des relations de partenariat, le Générique peut également inclure des remerciements ou des mentions spéciales.
Le Générique devra respecter certaines normes techniques concernant la durée, le format et l’intégration des éléments visuels et sonores, conformément aux exigences du Producteur. Les caractéristiques techniques peuvent inclure :
1. Durée : La durée du Générique de début et de fin, qui sera déterminée en fonction de la complexité des crédits à afficher et du ton général de l’œuvre. En règle générale, le Générique de début ne dépasse pas [préciser durée] secondes, et le Générique de fin peut durer entre [préciser durée minimale] et [préciser durée maximale].
2. Format visuel : Le Générique devra être conçu pour s’adapter au format de l’œuvre, qu’il s’agisse de cinéma, télévision ou vidéo à la demande. Le Générique doit respecter les exigences relatives au ratio d’aspect (par exemple, 16:9, 2.35:1, etc.) et à la résolution (Full HD, 4K, etc.).
3. Conformité sonore : Le Générique devra être accompagné de musique ou de sons spécifiques, en accord avec l’ambiance de l’œuvre. La musique devra être mixée pour s’intégrer parfaitement à l’image et à la narration sonore de l’œuvre.
Le Générique, en tant que création audiovisuelle originale, sera protégé par le droit d’auteur. Le Producteur acquiert par contrat, les droits d’exploitation sur le Générique, y compris les droits de reproduction, de diffusion et d’adaptation, sous réserve du respect des droits moraux de l’auteur (Réalisateur).
Le Générique : Plus Qu’une Simple Formalité
En France, les règles qui régissent les génériques de film sont relativement flexibles. Cependant, les crédits musicaux, ainsi que les noms des ayants droit, des acteurs et de l’équipe technique, doivent impérativement figurer. En revanche, il n’y a aucune contrainte concernant la vitesse ou la durée des génériques, sauf pour les productions télévisées, qui sont soumises à des normes plus strictes.
Les génériques de films peuvent devenir de véritables œuvres d’art, à l’image de l’iconique générique de L’Étalon Noir. Ce film, avec son atmosphère immersive, a vu son générique contribuer pleinement à la mise en place de l’univers du film, influençant à la fois la narration visuelle et sonore.
Mentions dans le CDD d’usage
Selon la Convention collective nationale de la production audiovisuelle du 13 décembre 2006, outre les clauses obligatoires prévues à l’article 14 du titre Ier, le contrat de travail conclu avec l’artiste-interprète doit comporter obligatoirement les conditions de publicité, le cas échéant (la place dans le générique, etc.), étant précisé que le nom des artistes-interprètes figure obligatoirement au générique.
Si, après distribution d’un rôle, l’employeur se propose de confier à l’artiste-interprète un autre rôle que celui prévu à son contrat de travail, ce changement ne pourra être fait qu’avec l’assentiment de l’artiste-interprète et cet accord devra faire l’objet d’un avenant au contrat.
Le changement de rôle ne peut avoir pour effet de diminuer d’une façon quelconque la rémunération fixée au contrat de l’artiste-interprète.
En cas de coupure très importante de son rôle au montage, l’artiste-interprète devra en être préalablement averti avant l’exploitation du film et aura la faculté de demander la suppression de son nom du générique et de toute publicité.
Par ailleurs, selon l’Article 6.8 de la Convention collective nationale de la production cinématographique du 19 janvier 2012
Conformément à l’article L. 212-2 du code de la propriété intellectuelle (« L’artiste-interprète a le droit au respect de son nom, de sa qualité et de son interprétation. Ce droit inaliénable et imprescriptible est attaché à sa personne. Il est transmissible à ses héritiers pour la protection de l’interprétation et de la mémoire du défunt« ), le producteur doit faire figurer le nom de l’artiste-interprète au générique du film.
En cas de coupure très importante de son rôle au montage, l’artiste-interprète devra en être averti avant l’exploitation du film et aura la faculté de demander la suppression de son nom au générique et de toute publicité.
Le producteur s’engage à imposer contractuellement les clauses de publicité figurant dans le contrat de chaque artiste-interprète à toutes les firmes qui distribueront ou éditeront le film considéré. Mais si le producteur fournit la preuve qu’il a rempli cette obligation, il ne saurait être tenu responsable des manquements constatés, l’artiste-interprète étant autorisé à ce sujet à agir directement vis-à-vis des ayants droit du producteur.
En l’absence de stipulations publicitaires contractuelles, le producteur a néanmoins le droit – et non l’obligation – de faire figurer le nom de l’artiste-interprète et de reproduire son image dans la publicité faite ou contrôlée par lui.
L’artiste-interprète n’a le droit de communiquer par tous moyens aucune annonce, photo, déclaration, interview, etc., relative à son travail dans le film, au film lui-même et à sa production en général sans l’autorisation préalable du producteur, et ce, même après la fin du contrat d’engagement.
Le générique en tant qu’oeuvre autonome
La question de savoir si le réalisateur du générique en tant qu’oeuvre autonome est coauteur n’a pas été tranchée par les juridictions. Ces dernières ne se sont prononcées que sur les droits des coauteurs à faire figurer leur nom au générique au titre du droit à la paternité :
Il résulte de l’Article L113-7 du Code de la propriété intellectuelle, que le législateur n’a pas entendu faire du générique une oeuvre autonome, le cas opposé, il n’aurait pas fait mention de l’auteur du scénario et des autres coauteurs. Pour rappel, au sens de l’Article L113-7 du Code de la propriété intellectuelle :
« Ont la qualité d’auteur d’une oeuvre audiovisuelle la ou les personnes physiques qui réalisent la création intellectuelle de cette oeuvre.
Sont présumés, sauf preuve contraire, coauteurs d’une oeuvre audiovisuelle réalisée en collaboration :
1° L’auteur du scénario ;
2° L’auteur de l’adaptation ;
3° L’auteur du texte parlé ;
4° L’auteur des compositions musicales avec ou sans paroles spécialement réalisées pour l’oeuvre ;
5° Le réalisateur.
Lorsque l’oeuvre audiovisuelle est tirée d’une oeuvre ou d’un scénario préexistants encore protégés, les auteurs de l’oeuvre originaire sont assimilés aux auteurs de l’oeuvre nouvelle ».
Le réalisateur de générique : un auteur comme un autre ?
Reste que si le réalisateur a fait preuve d’une originalité dans la création du générique, la qualité d’auteur ne peut lui être refusée, ne serait-ce qu’au titre de la séquence réalisée et incorporée à une oeuvre existante. En ce cas et par sécurité, il convient de conclure avec ce dernier un contrat de cession de droits d’auteur sur générique.
Par ailleurs, il a été jugé que le réalisateur de captation de ballets de danse était en droit de faire apposer son nom au générique (ne serait-ce que par convention conclue avec le producteur) :
L’Importance du Générique de Film dans la Production Cinématographique
Le générique de film occupe une place centrale dans l’univers cinématographique. Il permet non seulement de présenter les acteurs, l’équipe technique et les partenaires financiers, mais aussi de donner le ton du film. En quelques secondes, il doit installer l’ambiance et capturer l’essence de l’œuvre. Cependant, la création de cette séquence est loin d’être aussi simple qu’elle en a l’air.
Les agences spécialisées dans les génériques, comme l’agence tout risque générique, sont en charge de cette tâche minutieuse. Elles travaillent souvent en étroite collaboration avec les réalisateurs pour s’assurer que le générique reflète parfaitement l’univers du film.
Un Art Délicat et des Exigences Strictes
Bien que les génériques aient commencé comme de simples cartons dans les années 1920, aujourd’hui, ils se sont transformés en véritables œuvres d’art. L’objectif principal reste le même : fournir des informations essentielles tout en respectant une certaine esthétique visuelle. Selon Hoël Sainléger, un expert des effets spéciaux et des génériques chez La Ruche Studio, cette tâche exige une coordination parfaite entre le graphiste, le réalisateur, et la production.
Le processus de création commence généralement à la fin du film, lorsque tous les éléments nécessaires sont disponibles. Les noms des partenaires, les crédits musicaux et les ayants droit doivent tous être intégrés. Le générique de film est souvent le dernier élément créé, et chaque partenaire doit s’assurer de figurer au générique dans des conditions précises, qu’il s’agisse de la place dans le générique de début ou de fin.
Le Cas de la Musique dans le Générique de Film : Le Générique de Bilitis et L’Étalon Noir
La musique est une composante essentielle de l’ambiance d’un film, et cela se reflète dans son générique. Prenons l’exemple du générique de Bilitis, composé par Francis Lai, qui a marqué les esprits avec sa mélodie envoûtante, ou du générique de L’Étalon Noir, dont la musique iconique contribue à l’atmosphère mystique du film. Ces génériques ne sont pas seulement des présentations de crédits, mais une prolongation de l’expérience cinématographique.
De même, le générique de Ghostbusters est un autre exemple où la musique et l’image se rencontrent parfaitement pour établir l’univers unique du film. La musique et les visuels dans ces génériques ne sont pas seulement décoratifs ; ils deviennent un véritable prolongement de l’histoire, créant une connexion immédiate avec le public.
Création et Règles des Génériques pour le Petit Écran
Si les génériques de film bénéficient d’une grande liberté artistique, il en va différemment pour les productions télévisées. En effet, des règles strictes régissent la durée et la présentation des génériques sur les chaînes de télévision. Par exemple, le générique chips série TV d’une émission peut être limité à une minute trente, une exigence souvent imposée par les chaînes de télévision.
Les génériques TV doivent aussi respecter certaines normes, comme l’absence de logos dans certains cas ou une durée spécifique. Cette contrainte de temps, bien qu’elle semble limitante, impose une créativité supplémentaire pour concevoir des génériques efficaces et percutants, souvent bien plus concis que dans le cinéma.
Les Critères Clés de la Création du Générique de Film
La création du générique ne se limite pas à l’intégration des noms. Il doit aussi respecter des critères de typographie, de style et de rythme, tout en s’adaptant au genre du film. Selon Hoël Sainléger, certains réalisateurs ont des idées très précises concernant la typographie, tandis que d’autres préfèrent laisser plus de liberté au graphiste. Le choix des typographies est crucial car il doit résonner avec l’atmosphère du film.
Un exemple fameux de générique visuellement percutant est celui du film L’Homme au bras d’or, réalisé par Saul Bass. Ce générique a redéfini l’art des génériques de film dans les années 1950, avec une approche géométrique audacieuse qui contraste avec les styles plus traditionnels. Bass a travaillé avec des réalisateurs légendaires tels qu’Alfred Hitchcock et Stanley Kubrick, révolutionnant ainsi la manière de concevoir ces séquences.
Mots-clés associés :
- Générique de film
- Agence tout risque générique
- Bilitis générique
- Étalon noir générique
- Francis Lai Bilitis générique
- Générique chips série TV
- Générique L’Étalon noir
- Générique Ghostbusters