La commission du Sénat a rendu son avis sur le volet France Médias Monde du projet de loi de finances pour 2025.
L’aggravation des crises internationales confirme à nouveau, cette année, la nécessité pour les démocraties de disposer de médias puissants produisant une information de référence diffusée largement à l’international.
A l’occasion de l’examen du PLF 2024, les rapporteurs avaient constaté une prise de conscience, notamment au sein du MEAE, de l’importance de la « guerre des narratifs » et de la nécessité pour les entreprises de l’audiovisuel extérieur de devenir des acteurs à part entière de la diplomatie d’influence.
Cette prise de conscience aurait dû avoir au moins deux conséquences : un surcroît de moyens en niveau pour l’audiovisuel extérieur et la reconduction de cette hausse des moyens dans la durée pour assurer la prévisibilité nécessaire à tout projet de développement.
Dans l’avis1(*) de l’année dernière les rapporteurs avaient fait le constat de moyens consacrés à l’audiovisuel extérieurs globalement préservés compte tenu de l’inflation. La hausse des moyens de France Médias Monde (+5,1% à 299 M€) et de TV5 Monde (+4,4% à 83,5 M€) ne répondait toutefois qu’imparfaitement aux attentes des rapporteurs car elle demeurait limitée en niveau et, surtout, elle n’était pas confirmée dans la durée puisque la programmation pluriannuelle annoncée à l’automne dernier prévoyait une moindre augmentation en 2025 et 2026 (+2,6% en 2025 et +1,9% en 2026 pour FMM et +1,5% et +1,54% pour TV5 Monde). Alors que la guerre informationnelle sévissait déjà sur tous les continents on constatait un décalage entre la prise de conscience et les moyens déployés. La commission avait néanmoins adopté un avis favorable à l’adoption des crédits pour 2024 appelant de ses voeux une réévaluation exceptionnelle à partir de 2025 qui pourrait s’inscrire dans une révision plus générale des moyens de notre politique d’influence.
La situation à l’automne 2024 se présente donc bien différemment de ce que les rapporteurs escomptaient car non seulement l’audiovisuel extérieur ne bénéficiera pas d’une attention plus soutenue dans le contexte international toujours plus contesté, mais il devra subir une baisse de ses crédits en contradiction avec toutes les perspectives esquissées depuis un an.
Même si le contexte budgétaire est particulièrement difficile cette année, les rapporteurs déplorent les choix faits en matière de financement de l’audiovisuel extérieur dans le PLF 2025. Ces choix portent atteinte à l’influence de la France dans le monde à un moment critique. Les rapporteurs regrettent, en particulier, que le projet de contrat d’objectifs et de moyens (COM) de France Médias Monde (FMM) transmis au Parlement cet été soit déjà caduc avant même son adoption définitive et que le Gouvernement envisage de revoir à la baisse certaines missions de FMM dans le cadre d’un nouveau document de programmation.
Ils s’inquiètent par ailleurs particulièrement du projet du Gouvernement de réduire encore les moyens de FMM de -3 M€ lors de la poursuite du débat budgétaire pour porter la coupe des crédits de -6,9 à -9,9 M€. Ils constatent, enfin, que la gouvernance actuelle n’est pas satisfaisante puisque le ministère de la Culture se refuse à traiter différemment l’audiovisuel extérieur des autres entreprises de l’audiovisuel public en dépit de la guerre informationnelle qui sévit dans un nombre croissant de pays. L’affectation des moyens entre les différentes entités de l’audiovisuel public ne tient compte ni des priorités, ni des résultats ni de l’offre de programmes disponible sur le territoire national. Les moyens sont soit reconduits soit modifiés de manière quasi-proportionnelle.
La réduction des moyens accordés à l’audiovisuel extérieur doit amener à réfléchir sur son avenir. La poursuite de la réduction des coûts devra sans aucun doute demeurer une priorité pour permettre de dégager des marges de manoeuvre y compris concernant la fabrication de l’information, sans transiger pour autant sur sa qualité. Ensuite, les modalités de répartition des moyens entre les différentes entités de l’audiovisuel public gagneraient à être revues afin de dépendre davantage de choix politiques et stratégiques que de décisions à caractère administratif et budgétaire.
Les rapporteurs demeurent attachés à l’idée de donner plus de moyens à notre audiovisuel extérieur pour lui permettre d’accomplir ses missions en répartissant mieux les moyens de l’audiovisuel public compte tenu de la diversité et de la qualité de l’offre par ailleurs disponible. Les rapporteurs estiment donc nécessaire de conditionner l’adoption des crédits de l’audiovisuel extérieur à l’adoption d’un amendement accroissant les ressources de FMM de +5 M€.
Ils se félicitent, par ailleurs, de l’adoption conforme par les députés le 20 novembre 2024 de la proposition de loi organique portant réforme du financement de l’audiovisuel public qui permettra de maintenir un financement de l’audiovisuel public par une fraction du produit de la TVA.