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L’EM Lyon condamnée
La transparence et la précision sont de rigueur en cas de cession de droit à l’image des élèves d’Ecoles supérieures. Deux anciens élèves ont obtenu la condamnation de l’EM Lyon au titre d’une atteinte à leur droit à l’image résultant de l’utilisation de leurs photographies sur la couverture d’une invitation à la cérémonie de remise des diplômes.
Modalités de la cession
L’image des anciens élèves a été utilisée par l’EM LYON pour illustrer les cartons d’invitation à la cérémonie de remise des diplômes ainsi que sur le site internet de l’école.
Le principe de la liberté d’expression ne dispensait pas l’EM LYON de recueillir l’autorisation des anciens élèves. L’utilisation de la photographie dans le cadre du droit à l’information n’a pu être retenue, faute de lien direct avec un événement d’actualité et de diffusion intervenant quelques jours après la survenance de celui-ci dès lors que la cérémonie de remise des diplômes n’est pas un événement d’actualité en ce qu’elle n’intéresse que les diplômés et les personnes invitées.
La cession expresse du droit à l’image invoquée n’était pas démontrée, faute de preuves suffisantes dès lors que, même dans le cadre de l’inscription par voie informatique, l’approbation de la mention selon laquelle l’étudiant accepte les « usages » de l’EM LYON ne contient aucune disposition relative à la cession du droit à l’image.
L’EM Lyon ne produisait aucun document ou constat technique de nature à établir que les anciens élèves aient effectivement approuvé la charte de l’Ecole ou pris connaissance de la mention selon laquelle en cas de désaccord quant à l’utilisation de leur image, ils s’engageaient à la faire connaître dans le délai de quinze jours après leur intégration. S
Cession tacite et plan large
L’autorisation tacite quant à la publication d’une image ne saurait résulter du fait que les étudiants aient posé pour une photographie de groupe lors de leur soirée de remise de diplôme, ce qui n’établit pas qu’ils aient ainsi tacitement accepté la publication pour l’avenir de ladite photographie centrée sur leur visage.
Le cliché contesté ne plaçait pas les anciens élèves dans la situation de membres d’un groupe difficilement identifiables puisque leurs visages occupaient deux tiers de la photo et ne s’insérait pas dans un événement laissant supposer sa nécessaire diffusion, tel le tournage d’un documentaire dès lors qu’il s’agissait ici de l’événement restreint de la remise des diplômes d’une promotion.
Exclusivité du droit à l’image
Selon l’article 9 du code civil, chacun a droit au respect de sa vie privée. Il découle de ce principe que chacun a droit au respect de son image, qui est un attribut de sa personnalité, quelle que soit sa notoriété. Toute personne dispose ainsi sur son image ou sur l’utilisation qui en est faite d’un droit exclusif qui lui permet de s’opposer à sa diffusion sans son autorisation laquelle doit être expresse et spéciale, sauf exceptions, parmi lesquelles l’intérêt particulier supérieur ou l’intérêt légitime du public d’être informé, soumis au critère de l’actualité, sous réserve qu’il ne soit pas porté atteinte à la dignité du sujet. Le consentement tacite peut être admis lorsqu’il découle du comportement sans équivoque du sujet de droit.
Evaluation du préjudice
Le mécanisme de réparation du droit à l’image est identique à celui de la protection de la vie privée. Le seul constat du droit de chacun de s’opposer à la publication de son image ouvre droit à réparation. Le montant de la réparation de l’atteinte au droit à l’image doit être évalué en tenant compte de l’utilisation pour la promotion d’un élément relatif à la vie étudiante, la cérémonie de remise de diplômes participant à la promotion de l’image de l’école, ce qui caractérise une diffusion relativement restreinte mais également sur le site internet de l’Ecole.
La photographie ne présentant pas les anciens étudiants sous un jour désavantageux et ces derniers ne jouissant pas d’une notoriété particulière, ils n’ont obtenu « que » 1500 euros chacun, à titre de dommages et intérêts.
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