Hausse de la fréquentation des sites, sans recettes nouvelles
La commission de la culture du Sénat a remis son Rapport
pour le soutien à la filière presse. Le secteur de la presse était déjà
fragilisé par une transition numérique inachevée, qui peine à conforter son
modèle économique et par la crise continue de la messagerie Presstalis, en
dépit des efforts répétés des pouvoirs publics pour assainir sa situation
financière. La situation sanitaire n’a donc fait qu’accentuer, de manière
dramatique, des difficultés anciennes. La baisse de la diffusion, de 20 % en
moyenne, se cumule avec une chute des recettes publicitaires de près de 80 %,
asséchant les finances des publications et poussant certaines à la faillite. Le
Sénateur Michel Laugier a souligné que “cette situation est d’autant plus paradoxale que la fréquentation des
sites a plus que doublé la première semaine de confinement et demeure à un
niveau très élevé, sans pour autant se traduire par des recettes
supplémentaires.”
Préconisations du groupe de travail
Les préconisations du groupe de travail visent à
permettre à la presse de passer ce cap du Covid 19 mais également à préparer
l’avenir en trouvant enfin un modèle économique adapté. La commission
a souligné qu’elle avait le double souci “de permettre un partage de la valeur équilibrée avec les géants de
l’Internet et de préserver la richesse et la diversité de la presse, notamment
locale“.
Recommandations du rapport
Le rapport a formulé les propositions suivantes :
- Monter un fonds de soutien spécifique ou
s’appuyer sur les outils déjà existants comme le Fonds stratégique pour
apporter dès le prochain collectif budgétaire un soutien financier aux titres
de presse.
- Décaler le remboursement à La Poste des
frais d’affranchissement de 30 jours pour soulager immédiatement la trésorerie
des entreprises de presse.
- Organiser une sortie progressive du
chômage partiel pour les entreprises de presse, afin de tenir compte d’un
probable décalage dans la reprise de l’activité.
- Concentrer sur la presse les campagnes
de communication institutionnelle du gouvernement, de préférence aux
plateformes numériques.
- L’outil fiscal présente l’avantage de la
souplesse et de la simplicité de mise en place. Le crédit d’impôt « annonceurs
» doit en particulier être délimité avec soin. Son adoption ne doit cependant
pas être l’occasion d’accentuer les fractures entre médias et au sein même des
grandes familles de presse. Par ailleurs, il doit faire l’objet d’évaluations
précises et être borné dans le temps.
- Conditionner toute aide supplémentaire
de l’Etat à l’émergence d’une solution acceptée par une grande majorité des
éditeurs. Cette solution ne doit cependant pas reposer exclusivement sur des
financements publics, mais faire contribuer les actionnaires.
- Durcir le rapport de force avec les
grandes plateformes en ligne : soutenir, au besoin par de nouvelles dispositions
législatives, les efforts des éditeurs pour obtenir des plateformes la juste
rémunération de leurs publications, en application de la loi sur les droits
voisins.