CNEWS : un chroniqueur TV mis en cause

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CNEWS : un chroniqueur TV mis en cause
Ce point juridique est utile ?

Les chroniqueurs TV ne disposent pas d’une liberté de ton sans restrictions. Le CSA a mis en demeure la chaîne d’information CNEWS au titre de certaines interventions du chroniqueur de l’émission « Face à l’info », considérées comme discriminatoires.

Liberté d’expression des chroniqueurs TV

Les interventions du chroniqueur, lors d’un débat portant sur l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes, le 15 octobre 2019, ont pu être perçues comme stigmatisant les personnes homosexuelles, de même que celles du 21 octobre 2019 ont pu être perçues comme minimisant le rôle joué par l’Etat français dans la déportation des Juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale.

Contrôle du CSA

Au sens de l’article 15 de la loi du 30 septembre 1986, le CSA veille notamment à ce que les programmes mis à disposition du public par les chaînes de télévision ne contiennent aucune incitation à la haine ou à la violence pour des raisons de race, de sexe, de mœurs, de religion ou de nationalité. L’article 2-3-3 de la convention du 19 juillet 2015 impose à CNEWS de veiller dans son programme, à ne pas encourager des comportements discriminatoires en raison de la race, du sexe, de la religion, ou de la nationalité, et à promouvoir les valeurs d’intégration et de solidarité qui sont celles de la République. A ce titre, l’éditeur est responsable du contenu des émissions qu’il diffuse. Il doit conserver en toutes circonstances la maîtrise de son antenne.

Position du comité d’éthique de Canal Plus

Le comité d’éthique du groupe Canal Plus, par un avis du 23 octobre 2019, avait déjà  observé que « tant la position centrale donnée [à ce chroniqueur permanent], que le fait qu’il soit notamment appelé à intervenir sur les sujets mêmes qui sont à l’origine des événements judiciaires concomitants à son recrutement, sont de nature à créer un risque spécifique » sur lequel cette instance a attiré l’attention de l’entreprise. Ce comité a ajouté que « le fait que [ce chroniqueur] ne soit jamais seul en plateau et qu’à tous moments l’animatrice de l’émission (…) et, suivant les séquences, soit d’autres chroniqueurs soit un autre débatteur (…) puissent lui apporter la contradiction, s’il est une garantie importante, n’apparait néanmoins pas suffisant pour assurer les conditions d’une parfaite maîtrise éditoriale, comme ce serait par exemple le cas si l’émission était diffusée en différé (…) », dispositif qui n’a été mis en œuvre par l’entreprise qu’à compter du 29 octobre.

Antécédents fautifs

Lors d’une séquence du « Face à face » consacrée au « risque de l’Islam radical » dans les « banlieues », le chroniqueur s’est exprimé à plusieurs reprises sur la religion musulmane, en assimilant islam et islamisme : « l’islam est par essence une religion politique, ça a toujours été comme ça, on peut appeler ça islamisme politique, radical (…) », « l’immigration, l’islam et islamisme, tout ça c’est le même sujet » – tout en évoquant incidemment la nécessité « de prendre des mesures radicales ». Ce chroniqueur a, ensuite, conclu son propos en rappelant un évènement historique particulièrement violent ayant conduit au massacre de nombreuses personnes, en particulier de confession musulmane, et a déclaré : « Est-ce qu’on voit l’Histoire en fonction des intérêts de la France ou est-ce qu’on voit la France en fonction des intérêts de sa communauté d’origine ? Moi j’estime que quand on vient en France et que l’on est français, on doit changer son point de vue et on doit voir l’Histoire en fonction d’intérêts de la France. Je veux dire par là, que si vous voulez, quand le général Bugeaud arrive en Algérie eh bien il commence à massacrer des musulmans et même certains juifs. Eh bien moi, je suis aujourd’hui du côté du général Bugeaud, c’est ça être français ».

Ces propos, émanant d’une personne bénéficiant d’une large exposition médiatique, ont été tenus à un horaire de diffusion susceptible d’attirer des audiences significatives. Ils ont pu, à tout le moins jusqu’aux précisions apportées le lendemain, être perçus, en raison tant du contexte – et notamment de l’absence de distanciation – que du lexique utilisé, non seulement comme une légitimation de violences commises par le passé à l’encontre de personnes de confession musulmane mais aussi comme une incitation à la haine ou à la violence à l’égard de cette même catégorie de la population, dans la mesure où le chroniqueur s’est déclaré « aujourd’hui » du côté de l’auteur de massacres commis à l’égard de personnes de cette même confession.

Par ailleurs, cette séquence traduit, du fait également de l’amalgame entre « immigration, islam et islamisme », associé au souhait de « mesures radicales », l’expression d’un rejet insistant des personnes de confession musulmane dans leur ensemble, tendant à encourager des comportements discriminatoires en raison de la religion.

Défaut de maîtrise de l’antenne

La journaliste présente en plateau s’est également bornée à remercier les intervenants en identifiant un « désaccord » entre eux.  Ces propos n’ont suscité aucune réaction ni même modération de la part de la journaliste présente en plateau, ce qui caractérise un défaut de maîtrise de l’antenne constitutif d’un manquement à la convention de la chaîne.


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