Sommaire Contexte de l’affaireLes époux [C] [B] et [L] [Y] ont engagé l’Eurl Concept Immo Allard pour des travaux de rénovation d’une grange et la création d’un atelier sur leur propriété à Saint-Jean-de-Liversay, selon un devis accepté le 21 février 2022. Cependant, l’entreprise a abandonné le chantier après avoir réalisé quelques prestations mineures, tout en ayant encaissé trois acomptes totalisant plus de 50.000 euros. Peu après, l’entreprise a été placée en redressement puis en liquidation judiciaire. Actions en justiceLes époux [B] ont assigné M. [J] [U], gérant de l’entreprise, devant le tribunal judiciaire de La Rochelle, demandant une indemnisation pour leurs préjudices. Ils ont soutenu que M. [U] avait commis une faute grave en encaissant des acomptes pour des prestations qu’il savait que l’entreprise ne pouvait pas réaliser, afin de financer d’autres engagements. Décision du tribunalLe 7 novembre 2023, le tribunal judiciaire de La Rochelle a condamné M. [J] [U] à verser aux époux [B] 47.123,24€ pour préjudice matériel, 1.000€ pour préjudice moral, et 3.000€ en application de l’article 700 du code de procédure civile, en plus des dépens. Appel et incident de radiationM. [J] [U] a interjeté appel de ce jugement le 4 décembre 2024. Les époux [B] ont ensuite saisi le conseiller de la mise en état le 16 avril 2024, demandant la radiation de l’appel de M. [U] pour non-exécution du jugement. Ils ont également sollicité 2.000 euros pour les frais irrépétibles liés à cet incident. État de l’incidentL’incident a été discuté lors de l’audience du 11 novembre 2024 et a été mis en délibéré. Selon l’article 524 du code de procédure civile, le conseiller de la mise en état peut décider de la radiation de l’affaire si l’appelant ne justifie pas avoir exécuté la décision. Décision sur l’incidentLe conseiller de la mise en état a rejeté l’incident de radiation de l’appel, tout en condamnant M. [J] [U] aux dépens de l’incident. Il a également décidé qu’il n’y avait pas lieu à indemnité de procédure dans le cadre de cet incident. |
Questions / Réponses juridiques :
Quelles sont les conséquences juridiques de l’abandon de chantier par l’Eurl Concept Immo Allard ?L’abandon de chantier par l’Eurl Concept Immo Allard a des conséquences juridiques significatives, tant pour l’entreprise que pour ses clients. En vertu de l’article 1792-6 du Code civil, le constructeur est responsable des désordres qui compromettent la solidité de l’ouvrage ou le rendent impropre à sa destination. Dans ce cas, les époux [B] ont subi un préjudice matériel et moral en raison de l’abandon des travaux. Ils peuvent demander réparation de leur préjudice en vertu de l’article 1240 du Code civil, qui stipule que « tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ». L’article 700 du Code de procédure civile permet également aux parties de demander le remboursement des frais irrépétibles engagés pour la procédure, ce qui a été accordé dans le jugement du 7 novembre 2023. Quelles sont les implications de l’appel interjeté par M. [U] ?L’appel interjeté par M. [U] a des implications importantes sur le plan procédural. Selon l’article 524 du Code de procédure civile, l’appelant doit justifier de l’exécution de la décision frappée d’appel, sauf si l’exécution entraîne des conséquences manifestement excessives. Dans ce cas, M. [U] n’a pas exécuté le jugement, ce qui a conduit les époux [B] à demander la radiation de son appel. L’article 521 du même code précise que l’appelant doit procéder à une consignation pour garantir l’exécution de la décision. Le conseiller de la mise en état a le pouvoir discrétionnaire de prononcer la radiation, mais dans cette affaire, il a décidé de ne pas l’ordonner, bien que l’incident ait été jugé légitime. Cela signifie que l’appel de M. [U] reste en cours, mais il devra faire face aux dépens de l’incident. Quels sont les droits des époux [B] en matière d’indemnisation ?Les époux [B] ont des droits clairs en matière d’indemnisation suite à l’abandon de chantier et aux préjudices subis. En vertu de l’article 1240 du Code civil, ils peuvent demander réparation pour le préjudice matériel, qui a été évalué à 47.123,24 euros, ainsi que pour le préjudice moral, fixé à 1.000 euros. De plus, l’article 700 du Code de procédure civile leur permet de solliciter le remboursement des frais irrépétibles engagés pour la procédure, ce qui a été accordé à hauteur de 3.000 euros. Ces dispositions légales garantissent aux victimes d’une faute ou d’un manquement contractuel le droit à une réparation intégrale de leur préjudice, tant matériel que moral, ainsi qu’une compensation pour les frais de justice engagés. Quelles sont les conditions de la radiation de l’appel selon le Code de procédure civile ?La radiation de l’appel est régie par l’article 524 du Code de procédure civile, qui stipule que le conseiller de la mise en état peut ordonner la radiation du rôle de l’affaire si l’appelant ne justifie pas avoir exécuté la décision frappée d’appel ou avoir procédé à la consignation autorisée. Il est important de noter que cette radiation n’est pas automatique et reste à la discrétion du conseiller. Ce dernier doit également prendre en compte si l’exécution de la décision pourrait entraîner des conséquences manifestement excessives pour l’appelant. Dans le cas présent, bien que M. [U] n’ait pas exécuté le jugement, le conseiller a décidé de ne pas ordonner la radiation, ce qui signifie que l’appel peut continuer, mais M. [U] devra supporter les dépens de l’incident. |
REPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
R.G : N° RG 23/02639 – N° Portalis DBV5-V-B7H-G5VD
[U]
C/
[B]
[Y]
COUR D’APPEL DE POITIERS
1ère Chambre Civile
ORDONNANCE
DU 10 DECEMBRE 2024
Nous, Thierry MONGE, Président de Chambre faisant fonction de Conseiller de la Mise en état, assisté de Elodie TISSERAUD, greffière,
DEMANDEURS A L’INCIDENT :
Monsieur [C] [B]
né le 09 Septembre 1968 à [Localité 5] (69)
[Adresse 3]
[Localité 1]
Madame [L] [Y] épouse [B]
née le 13 Août 1968 à [Localité 5] (69)
[Adresse 3]
[Localité 1]
ayant tous les deux pour avocat Me Vincent LAGRAVE de la SCP LAGRAVE – JOUTEUX, avocat au barreau de LA ROCHELLE-ROCHEFORT
DÉFENDEUR A L’INCIDENT :
Monsieur [J] [U]
né le 03 Octobre 1985 à [Localité 6] (54)
[Adresse 4]
[Localité 2]
ayant pour avocat Me Antoine GAIRE de la SELARL GAIRE-ASSOCIES, avocat au barreau de SAINTES
Faisant valoir qu’ils avaient confié selon devis accepté du 21 février 2022 des travaux de rénovation d’une grange et de création d’un atelier dans leur propriété de Saint-Jean-de-Liversay à l’Eurl Concept Immo Allard mais que celle-ci avait abandonné le chantier après quelques menues prestations en ayant encaissé trois acomptes totalisant plus de 50.000 euros peu avant son placement en redressement, puis en liquidation judiciaire, les époux [C] [B] et [L] [Y] ont fait assigner devant le tribunal judiciaire de La Rochelle [J] [U], gérant de l’entreprise, pour l’entendre condamner personnellement à les indemniser de leurs préjudices, en soutenant qu’il avait commis une faute grave détachable de ses fonctions en sollicitant d’eux et en encaissant des acomptes pour des prestations qu’il savait l’entreprise irrémédiablement dans l’incapacité d’exécuter, afin de se procurer de la trésorerie pour faire face à d’autres engagements envers des tiers.
M. [U] a conclu au rejet de ces prétentions.
Par jugement du 7 novembre 2023, le tribunal judiciaire de La Rochelle a :
* condamné M. [J] [U] à payer aux époux [B] la somme de 47.123,24€ en réparation de leur préjudice matériel
* condamné M. [J] [U] à payer aux époux [B] la somme de 1.000€ en réparation de leur préjudice moral
* condamné M. [J] [U] à payer aux époux [B] la somme de 3.000€ en application des dispositions de l’article 700 du code de procédure civile
* condamné M. [J] [U] aux dépens.
M. [J] [U] a relevé appel de ce jugement le 4 décembre 2024.
Les époux [B] ont saisi le conseiller de la mise en état par conclusions du 16 avril 2024 d’un incident tendant à voir prononcer la radiation du rôle de l’appel interjeté par monsieur [U] en faisant valoir qu’il n’a pas exécuté le jugement déféré.
Ils sollicitent 2.000 euros en application de l’article 700 du code de procédure civile au titre des frais irrépétibles afférents à cet incident.
M. [U] n’a pas pris d’écritures en réponse.
L’incident a été évoqué à l’audience du 11 novembre 2024 et mis en délibéré à ce jour.
Selon l’article 524 du code de procédure civile, lorsque l’exécution provisoire est de droit ou a été ordonnée, le conseiller de la mise en état peut, en cas d’appel, décider à la demande de l’intimé, et après avoir recueilli les observations des parties, la radiation du rôle de l’affaire, lorsque l’appelant ne justifie pas avoir exécuté la décision frappée d’appel ou avoir procédé à la consignation autorisée dans les conditions prévues l’article 521, à moins qu’il lui apparaisse que l’exécution serait de nature à entraîner des conséquences manifestement excessives ou que l’appelant est dans l’impossibilité d’exécuter la décision.
Le prononcé de la radiation reste pour le conseiller de la mise en état une faculté, à laquelle il peut n’être pas recouru alors même que les conditions pour la prononcer sont vérifiées.
En l’espèce, il n’y a pas lieu de l’ordonner.
L’appelant n’ayant pas exécuté le jugement exécutoire, l’incident était légitime, et M. [U] en supportera les dépens.
Il n’y a pas lieu à indemnité de procédure dans le cadre de l’incident.
Nous, conseiller de la mise en état
REJETONS l’incident à fin de radiation de l’appel
CONDAMNONS M. [J] [U] aux dépens de l’incident
DISONS n’y avoir lieu à indemnité de procédure dans le cadre du présent incident.
Le Greffier, Le Conseiller de la mise en état,