Limites de la portée des transactions en matière de préjudice d’anxiété lié à l’amiante

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Limites de la portée des transactions en matière de préjudice d’anxiété lié à l’amiante
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Engagement de Mme [K]

Mme [K] a été engagée en 1968 par la société Renault Trucks en tant que gestionnaire administrative sur le site de Vénissieux.

Apports partiels d’actifs de Renault Trucks

La société Renault Trucks a réalisé plusieurs apports partiels d’actifs, notamment en 1998 à Iveco France, en 2004 à Fonderie [Localité 7] et Meritor Axles France, et en 2011 à Arquus.

Rupture du contrat de travail

Après la rupture de son contrat de travail, Mme [K] a signé une transaction avec Renault Trucks le 20 janvier 2009.

Inscription de l’établissement sur la liste amiante

L’établissement de [Localité 7] a été inscrit sur la liste des établissements ouvrant droit à l’allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante, par un arrêté du 25 octobre 2016, effectif à partir du 1er novembre 2016.

Demande en réparation du préjudice d’anxiété

Mme [K] a saisi la juridiction prud’homale le 2 mai 2017 pour demander réparation de son préjudice d’anxiété.

Argumentation de la salariée

La salariée a contesté la décision de la cour d’appel qui a déclaré irrecevable sa demande, arguant que la transaction signée ne pouvait pas empêcher une demande de réparation pour un préjudice survenu après la signature.

Réponse de la cour d’appel

La cour d’appel a jugé que la transaction signée par Mme [K] incluait une renonciation à toute action liée à l’exécution ou à la rupture du contrat de travail, rendant ainsi irrecevable sa demande de réparation pour le préjudice d’anxiété survenu après la transaction.

Conclusion de la cour

La cour a conclu que le moyen soulevé par la salariée n’était pas fondé, confirmant la décision de la cour d’appel.

REPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS

6 novembre 2024
Cour de cassation
Pourvoi n°
23-17.699
SOC.

ZB1

COUR DE CASSATION
______________________

Audience publique du 6 novembre 2024

Rejet

M. SOMMER, président

Arrêt n° 1104 FS-B

Pourvoi n° P 23-17.699

R É P U B L I Q U E F R A N Ç A I S E

_________________________

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
_________________________

ARRÊT DE LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, DU 6 NOVEMBRE 2024

Mme [L] [K], domiciliée [Adresse 5], a formé le pourvoi n° P 23-17.699 contre l’arrêt rendu le 28 février 2023 par la cour d’appel de Lyon (chambre sociale C), dans le litige l’opposant :

1°/ à la société Renault Trucks, société par actions simplifiée, dont le siège est [Adresse 3],

2°/ à la société Fonderie [Localité 7], société par actions simplifiée, dont le siège est [Adresse 4],

3°/ à la société Arquus, société par actions simplifiée, dont le siège est [Adresse 1],

4°/ à la société Iveco France, société par actions simplifiée, dont le siège est [Adresse 6],

5°/ à la société Meritor Axles France, société par actions simplifiée, dont le siège est [Adresse 2],

défenderesses à la cassation.

La demanderesse invoque, à l’appui de son pourvoi, un moyen de cassation.

Le dossier a été communiqué au procureur général.

Sur le rapport de Mme Valéry, conseiller référendaire, les observations de la SARL Thouvenin, Coudray et Grévy, avocat de Mme [K], de la SCP Célice, Texidor, Périer, avocat des sociétés Renault Trucks, Fonderie [Localité 7], Arquus, Iveco France et de Meritor Axles France, et l’avis de Mme Roques, avocat général référendaire, après débats en l’audience publique du 1er octobre 2024 où étaient présents M. Sommer, président, Mme Valéry, conseiller référendaire rapporteur, Mme Capitaine, conseiller doyen, Mmes Lacquemant, Nirdé-Dorail, conseillers, Mme Pecqueur, MM. Chiron, Leperchey, conseillers référendaires, Mme Roques, avocat général référendaire, et Mme Piquot, greffier de chambre,

la chambre sociale de la Cour de cassation, composée, en application de l’article R. 431-5 du code de l’organisation judiciaire, des président et conseillers précités, après en avoir délibéré conformément à la loi, a rendu le présent arrêt.

Faits et procédure

1. Selon l’arrêt attaqué (Lyon, 28 février 2023), Mme [K] a été engagée en qualité de gestionnaire administrative en 1968 par la société Renault Trucks sur le site de Vénissieux.

2. La société Renault Trucks a procédé à des apports partiels d’actifs, le 31 décembre 1998, de sa branche d’activité de conception, fabrication et commercialisation d’autocars et d’autobus à la société Iveco France ; le 30 octobre 2004, de sa branche d’activité de fonderie et moulage de fer à la société Fonderie [Localité 7] et de sa branche d’activité de conception et fabrication de ponts et essieux à la société Meritor Axles France ; le 1er juin 2011, de sa branche de fabrication de véhicules et de matériels militaires à la société Arquus.

3. Après rupture de son contrat de travail, Mme [K] a signé le 20 janvier 2009 une transaction avec la société Renault Trucks.

4. L’établissement de [Localité 7] a été inscrit sur la liste des établissements ouvrant droit à l’allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante, pour la période de 1964 à 1996, par arrêté du 25 octobre 2016, publié le 1er novembre 2016, pris en application de l’article 41 de la loi n° 98-1194 du 23 décembre 1998.

5. La salariée a saisi la juridiction prud’homale le 2 mai 2017 d’une demande en réparation de son préjudice d’anxiété.

Examen du moyen

Enoncé du moyen

6. La salariée fait grief à l’arrêt de déclarer irrecevable sa demande de réparation du préjudice d’anxiété, alors « que la portée des transactions, qui ne règlent que les différends qui s’y trouvent compris, se limite aux seuls différends que les parties ont eu l’intention d’y inclure ; que les parties ne pouvant être réputées avoir renoncé à un droit qui n’existait pas à la date de la signature de la transaction, la conclusion d’une transaction ne rend pas irrecevable la demande en réparation d’un préjudice né ultérieurement ; que la transaction régularisée par le salarié avec son employeur le 20 janvier 2009 ne faisait donc pas obstacle à ce que celui-ci sollicite la réparation du préjudice d’anxiété né le 1er novembre 2016, date de publication de l’arrêté du 25 octobre 2016 inscrivant l’établissement de [Localité 7] sur la liste des établissements permettant la mise en œuvre de l’ACAATA ; qu’en se fondant sur l’autorité de la chose jugée attachée à la transaction signée par le salarié et la société Renault Trucks antérieurement à l’arrêté de classement, pour déclarer irrecevable la demande du salarié tendant à la réparation de son préjudice d’anxiété, la cour d’appel a violé les articles 2044 à 2052 du code civil, ensemble l’article 41 de la loi du 23 décembre 1998. »

Réponse de la Cour

7. La cour d’appel qui a relevé, d’une part, que la transaction, formulée en des termes généraux, avait été signée à l’occasion de la rupture du contrat de travail, d’autre part, qu’aux termes de celle-ci la salariée se déclarait remplie de ses droits et renonçait, de façon irrévocable, à toute instance ou action née ou à naître au titre de l’exécution ou de la rupture du contrat de travail et admettait que plus aucune contestation ne l’opposait à l’employeur et qu’il était mis fin à leur différend, en a exactement déduit que la demande indemnitaire formée à l’encontre de l’employeur résultant de l’inscription de l’établissement de Vénissieux exploité par la société Renault Trucks pour la période de 1964 à 1996 sur la liste des établissements permettant la mise en oeuvre de l’allocation de cessation anticipée des travailleurs de l’amiante, intervenue postérieurement à la transaction, n’était pas recevable.

8. Le moyen n’est donc pas fondé.


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