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Ouverture de la procédure de redressement judiciaireLe tribunal de commerce de Meaux a ouvert une procédure de redressement judiciaire à l’égard de la SAS Next Technologies par jugement du 11 décembre 2023, suite à une requête du ministère public. La société, spécialisée dans les réseaux de télécommunication et les NTIC, a vu la SELARL Garnier [L] désignée comme mandataire judiciaire et la SELARJ [V] [T] comme administrateur judiciaire. Maintien et renouvellement de la période d’observationLe 5 février 2024, le tribunal a prolongé la période d’observation et la poursuite d’activité jusqu’au 11 juin 2024. Par la suite, le 22 avril 2024, cette période a été renouvelée pour six mois supplémentaires, jusqu’au 11 décembre 2024, avec une audience prévue le 17 juin 2024 pour statuer sur la poursuite de l’activité. Conversion en liquidation judiciaireLe 23 septembre 2024, le tribunal a converti la procédure de redressement en liquidation judiciaire, constatant l’impossibilité de présenter un plan de redressement et le risque d’aggravation du passif. La SELARL Garnier [L] a été désignée comme liquidateur judiciaire. Appel de la société Next Technologies InnovationsLe 1er octobre 2024, la société Next Technologies Innovations a interjeté appel du jugement de liquidation judiciaire. Le 17 octobre 2024, elle a assigné le liquidateur judiciaire et l’administrateur judiciaire pour demander l’arrêt de l’exécution provisoire du jugement, le maintien de la période d’observation, et que les dépens soient considérés comme frais privilégiés. Arguments de la société et réponse du liquidateurNext Technologies Innovations a soutenu qu’elle n’avait pas été régulièrement convoquée pour l’audience du 23 septembre 2024, qu’elle n’était pas en cessation de paiements, et que le redressement n’était pas manifestement impossible. Le liquidateur a répliqué que ces moyens n’étaient pas sérieux et que la procédure avait été correctement conduite. Analyse des procédures et des rapportsLes rapports du mandataire et de l’administrateur judiciaires, établis avant l’audience, ont été examinés. Le mandataire avait recommandé la conversion en liquidation, tandis que l’administrateur avait suggéré un ultime renvoi. La société a contesté la régularité de la saisine du tribunal, arguant qu’aucune requête formelle n’avait été faite pour la conversion. Conclusion sur la demande de suspension de l’exécution provisoireLe tribunal a conclu que la procédure de conversion n’avait pas respecté le formalisme requis, ce qui a été jugé sérieux. En conséquence, il a été décidé d’arrêter l’exécution provisoire du jugement du 23 septembre 2024, et les dépens du référé suivront le sort de ceux de l’appel. |
REPUBLIQUE FRANÇAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS
délivrées aux parties le : Au nom du peuple français
COUR D’APPEL DE PARIS
Pôle 5 – Chambre 8
ORDONNANCE DU 6 NOVEMBRE 2024
(n° / 2024, 4 pages)
Numéro d’inscription au répertoire général : N° RG 24/16914 – N° Portalis 35L7-V-B7I-CKEY7
Décision déférée à la Cour : Jugement du 23 septembre 2024 – Tribunal de commerce de MEAUX – RG n° 2024007238
Nature de la décision : réputée contradictoire
NOUS, Marie-Christine HEBERT-PAGEOT, présidente de chambre, agissant par délégation du Premier Président de cette cour, assistée de Liselotte FENOUIL, greffière.
Vu l’assignation en référé délivrée le 17 octobre 2024 à la requête de :
DEMANDEUR
S.A.S. NEXT TECHNOLOGIES INNOVATIONS ( NEXTTECH’IN), prise en la personne de ses représentants légaux domiciliés en cette qualité audit siège,
Immatriculée au registre du commerce et des sociétés de MEAUX sous le numéro 883 592 909,
Dont le siège social est situé PNG TECHNOLOGIES
[Adresse 1]
[Localité 5]
Représentée par Me Ludivine JOUHANNY de la SARL JLAVOCAT, avocat au barreau de HAUTS-DE-SEINE, toque : PN 9,
à
DÉFENDEURS
S.E.L.A.R.L. AJILINK – LABIS [T] – DE CHANAUD, administrateur judiciaire,
Immatriculée au registre du commerce et des sociétés de MEAUX sous le numéro 508 490 000,
Dont le siège social est situé Dont le siège social est situé [Adresse 2]
[Localité 4]
Non comparante
S.E.L.A.R.L. GARNIER [L], prise en la personne de Maître [M] [L], liquidateur judiciaire,
Immatriculée au registre du commerce et des sociétés de MEAUX sous le numéro 478 547 243,
Dont le siège social est situé [Adresse 3]
[Localité 4]
Représentée par Me Carole BOUMAIZA de la SCP GOMME et BOUMAIZA, avocat au barreau de PARIS, toque : J094,
Et après avoir appelé les parties lors des débats de l’audience publique du 28 octobre 2024 :
ORDONNANCE rendue par Mme Marie-Christine HÉBERT-PAGEOT, présidente de chambre, assistée de Mme Liselotte FENOUIL, greffière présente lors du prononcé de l’ordonnance au greffe de la cour, les parties en ayant été préalablement avisées dans les conditions prévues au deuxième alinéa de l’article 450 du code de procédure civile.
FAITS ET PROCÉDURE:
Sur requête du ministère public et par jugement du 11 décembre 2023, le tribunal de commerce de Meaux a ouvert une procédure de redressement judiciaire à l’égard de la SAS Next Technologies, qui a pour activité la conception, fabrication de tous systèmes, matériels, produits et services dans le domaine des réseaux de télécommunication et des NTIC, et désigné la SELARLGarnier [L], en la personne de Maître [L], en qualité de mandataire judiciaire et la SELARJ [V] [T], en qualité d’administrateur judiciaire, avec une mission d’assistance.
Le 5 février 2024, le tribunal a maintenu la période d’observation et la poursuite d’activité jusqu’au 11 juin 2024, puis le 22 avril 2024 a renouvelé la période d’observation pour une durée de six mois, soit jusqu’au 11 décembre 2024 et dit que l’affaire sera évoquée à l’audience du 17 juin 2024 afin de statuer sur la poursuite de l’activité.
Par jugement du 23 septembre 2024, le tribunal de commerce de Meaux a converti la procédure de redressement en liquidation judiciaire aux motifs que le déroulement des opérations avait fait apparaitre l’impossibilité de présentation d’un plan de redressement par continuation ou de cession, la poursuite de l’activité risquant d’entrainer une aggravation du passif et a désigné la SELARL Garnier [L] en qualité de liquidateur judiciaire.
Par déclaration du 1er octobre 2024, la société Next Technologies Innovations a relevé appel de ce jugement.
Par actes du 17 octobre 2024, la SAS Next Technologies Innovations a fait assigner devant le délégataire du premier président la SELARL Garnier [L] en qualité de liquidateur judiciaire et la SELARL Ajilink-Labis-[T], ès qualités d’administrateur judiciaire pour voir arrêter l’exécution provisoire attachée au jugement dont appel, ordonner le maintien de la période d’observation jusqu’à l’arrêt de la cour d’appel de Paris à intervenir, et juger que les dépens seront employés en frais privilégiés de procédure collective.
La SELARL Garnier [L], ès qualités, sollicite le rejet de la demande d’arrêt de l’exécution provisoire.
La SELARL Ajilink-Labis-[T], ès qualités d’administrateur judiciaire, n’a pas comparu mais a indiqué par courrier du 21 octobre 2024 s’en remettre à la sagesse du ‘ tribunal’.
Dans son avis notifié par RPVAle 17 octobre 2024, le ministère public invite le délégataire du premier président à suspendre l’exécution provisoire en ce que l’appelante soulève des moyens qui apparaissent sérieux.
Vu l’article R 661-1 du code de commerce.
Il résulte de l’article R.661-1 du code de commerce, dérogeant aux dispositions de l’article 514-3 du code de procédure civile, que seuls des moyens sérieux d’appel permettent de suspendre l’exécution provisoire attachée au jugement de conversion en liquidation judiciaire.
Au soutien de sa demande de suspension de l’exécution provisoire, la société Next Technologies Innovations fait valoir:
– qu’elle n’a pas été régulièrement convoquée en vue de l’audience du 23 septembre 2024 ayant prononcé la conversion du redressement en liquidation judiciaire, qu’elle n’a reçu aucune note sur les circonstances de nature à motiver l’exercice par le tribunal de son pouvoir d’office ou sur requête du ministère public et que le tribunal n’a pas non plus été saisi d’une requête de l’administrateur ou du mandataire judiciaire aux fins de liquidation judiciaire,
– qu’elle n’est pas en cessation des paiements,
– et que tout redressement n’est pas manifestement impossible.
Le liquidateur réplique qu’aucun de ces moyens n’est sérieux et, s’agissant du premier moyen, que la procédure ayant abouti à la conversion du redressement en liquidation judiciaire a été régulièrement conduite, le tribunal ayant statué à la demande du mandataire judiciaire qui en avait préalablement avisé le débiteur.
Aux termes de l’article L631-15, II du code de commerce, le tribunal peut à tout moment de la période d’observation, à la demande du débiteur, de l’administrateur, du mandataire judiciaire, d’un contrôleur, du ministère public ou d’office prononcer le liquidation judiciaire si le redressement est manifestement impossible. Il statue après avoir entendu ou dûment appelé le débiteur, les organes de la procédure et avoir recueilli l’avis du ministère public.
L’article R631-24 du même code dispose qu’ ‘Aux fins de prononcé de la liquidation judiciaire, le tribunal est saisi par voie de requête ou le cas échéant, dans les formes et selon la procédure prévue aux articles R631-3 ou R631-4″.
Il ressort des pièces aux débats qu’en vue de l’audience du 23 septembre 2024, qui a donné lieu au jugement dont appel:
– le mandataire judiciaire a établi le 12 septembre 2024 un rapport sur la période d’observation aux termes duquel il concluait à la conversion des opérations en liquidation judiciaire. Par mail du 20 septembre 2024, le mandataire a adressé ce rapport à M.[R], directeur général de la société, ainsi qu’à l’avocat de la société,
– l’administrateur judiciaire a établi le 16 septembre 2024 un rapport destiné à éclairer les organes de la procédure sur l’évolution de l’activité de l’entreprise et ses perspectives de redressement en période d’observation, dans lequel il conclut qu’en l’état de ses constatations et en l’absence de dettes de période d’observation, il est favorable à un ultime renvoi au terme de la période d’observation pour confirmer la réalisation de la vente de R&D en décembre 2024 et qu’à défaut il sera contraint de solliciter la liquidation judiciaire à bref délai.
La seule mention dans la conclusion du rapport du mandataire judiciaire faisant le point sur la période d’observation, indiquant qu’il y a lieu de convertir les opérations en liquidation judiciaire, ne constitue pas une requête au sens de l’article R631-24 du code de commerce, mais plutôt un avis, de sorte que la société Next Technologies Innovations discute sérieusement le fait que le tribunal aurait décidé de la conversion sur saisine par le mandataire judiciaire. La circonstance que cet avis a été porté à la connaissance du débiteur avant l’audience est sans incidence sur la nature du document en question.
Il n’est pas allégué que l’administrateur aurait saisi le tribunal d’une requête en conversion du redressement en liquidation judiciaire, son rapport suggérant au contraire un dernier renvoi en décembre 2024.
Dès lors, la société Next Technologies Innovations soutient sérieusement qu’en l’absence de requête, le tribunal s’est saisi d’office aux fins de conversion et que les dispositions de l’article R631-3 du code de commerce devaient être respectées, de sorte qu’elle aurait dû être convoquée, la convocation devant être accompagnée d’une note exposant les faits de nature à motiver l’exercice par le tribunal de son pouvoir d’office.
Or, si le débiteur a bien comparu à l’audience du 23 septembre 2024, il n’est pas justifié d’une convocation à cette l’audience en vue d’examiner la conversion du redressement en liquidation judiciaire. Seule est produite la notification au débiteur, le 24 avril 2024, du jugement rendu le 22 avril 2024, qui a renouvelé la période d’observation jusqu’au 11 décembre 2024 et ordonné une nouvelle convocation pour le 17 juin 2024 afin de statuer sur la poursuite d’activité. Le courrier de notification qui rappelle cette nouvelle comparution à l’effet de voir statuer sur le renouvellement de la période d’observation, l’arrêt d’un plan, à défaut le prononcé de la liquidation judiciaire, concerne donc l’audience du 17 juin et non celle du 23 septembre 2024 à l’issue de laquelle il a été décidé de la conversion en liquidation judiciaire. En tout état de cause il n’est pas justifié d’une note jointe à la convocation exposant les faits de nature à motiver l’exercice par le tribunal de son pouvoir d’office.
Le moyen selon lequel la procédure de conversion n’aurait pas respecté le formalisme prévu par l’article R. 631-3 du code de commerce apparaît dès lors sérieux.
Il sera en conséquence fait droit à la demande d’arrêt de l’exécution provisoire du jugement dont appel.
Arrêtons l’exécution provisoire attachée au jugement du 23 septembre 2024,
Disons que les dépens du référé suivront le sort de ceux de l’appel.
La greffière,
Liselotte FENOUIL
La présidente,
Marie-Christine HÉBERT-PAGEOT